Hubert TAILHAN
Dans la soirée du 17 août 1944, j’étais dans le café familial situé à Magrie, des clients jouaient aux cartes dans la salle, l’un deux était un sympathisant milicien (il a été fusillé après guerre.)
Vers 22 heures, deux hommes se sont présentés à la porte de l’arrière salle. Ma mère Augustine Tailhan* (63 ans) leur a ouvert la porte.
C’étaient Baptiste Boussieux et Armand Bourrel, deux autres les ont rejoints, des espagnols avec un homme blessé, il saignait d’une blessure à la main. Après avoir fermé la porte de communication pour les dissimuler des clients, nous les avons fait monter à l’étage et installé le blessé sur un lit.
Heureusement personne dans la salle ne s’est aperçu de rien.
Dans la nuit le docteur Adam de Limoux, est venu prodiguer des soins au blessé.
Le matin de très bonne heure, vers 5 heures du matin, l’homme a été récupéré par ses amis.
Nous avons nettoyé les taches de sang sur le sol prés du lit et tout remis en ordre.
Il s’agissait d’un soldat américain**, blessé à la main et au pied, lors du combat des gorges d’Alet.
Après avoir gravis le pic de Brau, les deux espagnols avec le blessé se sont arrêtés dans une cabane de vigne où le blessé a été laissé, le temps d’aller à Magrie chercher un abri sûr. Ils sont ensuite retournés le chercher et l’ont amené chez nous au café.
A la suite de cette affaire, je me suis enfui et caché pendant deux jours par peur des représailles, ma mère est restée seule au café.
Je suis rentré et avec la libération de Limoux, et je me suis engagé pour continuer le combat.
*Malgré les risques pour elle et sa famille, représenté par la présence d’un sympathisant milicien dans la salle, elle accepta de cacher l’ Américain.
**Il s’agissait de Claude Galley, blessé au combat et secouru par Cordoba (Pedro Guasch Biosca) et Pepe (Castan).