RAPPORT OPERATION «PEG»

MISSION

Harceler les forces ennemies en coupant la route nationale 117 et axes de communications dans la région de Carcassonne.

1st Lieut Grahl H. Weeks …………………………………… 0-1321688
1st Lieut Paul Swank …………………………………………. 01112344
S/Sgt Herbert A. Sampson …………………………………….6909321
T/3 John P. Guion ………………………………………………34622865
T/3 Andrew R. Armentor ……………………………………….38483521
T/3 Claude A. Galley ……………………………………………38381217
T/5 Nolan J. Fkickey …………………………………………….38381034
T/5 Raymond Arnone …………………………………………..35172820
T/5 Peter Weyer ………………………………………………….37475908
T/5 Albert E. Bachand ………………………………………….31327099
T/5 William J. Strauss ……………………………………………32851996
T/5 Joseph P. White ……………………………………………..38418264
T/5 Jean Kohn ……………………………………………………..32871048
T/5 Rock G. Veilleux ………………………………………………31351650
T/5 Roy J. Allemand ……………………………………………….38381490

– Date et heure de départ
11 Août 1944, 0300 heures
– Lieu de départ
Aérodrome de Blida, Afrique du Nord
– Zone de saut
France, département de l’Aude près d’Axat (90.0-58.0)

CONDITIONS DU SAUT

TERRAIN
Le terrain n’a pas été choisi et était réservé pour recevoir de l’équipement. Les montagnes étaient si hautes de chaque côté de la zone de saut que l’avion n’as pas pu descendre trop bas, et le résultat fut que les hommes ont atterri sur le sommet de la montagne à gauche, qui était en partie boisée là où les rochers le permettaient. Trois hommes ont été blessés.

AIR
Le voyage en avion fut excellent. Personne du groupe n’a été malade et quelques uns ont dormi pendant tout le vol.

VOL
Le vol fut bon exception faite que nous étions trop haut pour un bon saut.

RECEPTION
La réception fut mauvaise, et nous étions à douze miles de la position où nous devions sauter. Le Maquis s’attendait à recevoir de l’équipement et nous nous sommes posés à sa place, et l’avion qui transportait leur équipement ne se trouvait pas à plus de cinq minutes du notre. Il y avait deux camions et deux voitures prêts pour charger les containers et les amener prés de Salvezines (Coordonnées 97.5-53.5 carte de France- Feuille 105). Les Maquisards étaient très excités avec l’arrivée inattendue des Américains et il a fallu un certain temps avant qu’ils ne se mettent au travail.

NOM DE LA MISSION
“ Platinium”

HISTOIRE CHRONOLOGIQUE.

(Nota : Les coordonnées étaient données par la carte de France 10 S et 10 R.) (1 :100,000).

11 AOUT
La section a travaillé ce matin avec l’aide du maquis, jusqu’à ce que tous les containers soit chargés et déplacés dans leur cache dans la montagne. Les hommes blessés furent placés dans des lits au village de Salvezines, qui était très bien protégé par le Maquis. Ils ont reçu des soins par un docteur civil qui faisait parti du Maquis. Deux de ces hommes furent vite sur pied et rejoignirent la section. C’est à ce moment là que je me suis aperçu qu’un autre homme avait eu les côtes fêlées lors du saut.
T/5 Strauss a continué de travailler malgré tout.

12-13 AOUT
Ces jours ont été employés à l’ouverture des containers et au nettoyage des armes, pendant que les officiers et les sous-officiers firent une reconnaissance de la région. La nuit, un pont de chemin de fer (90.9-58.0) a été saboté sur la ligne entre Carcassonne et Rivesaltes, de telle manière que le pont reste debout, et qu’il soit impossible de le réparer sans que la première arche ne soit abattue et un nouveau pont reconstruit. Ce pont était utilisé pour des trains de ravitaillement allemands.

14 AOUT
Cette journée a été employée à apprendre aux maquisards comment se servir du fusil US modèle 1903, de pistolets mitrailleurs et d’autres armes. Cette nuit la section a détruit trois ponts de pierre, qui a complètement coupé la route nationale 117 et les possibilités de contournements. Les coordonnées des ponts sont (05.8-50.0) (01.4-58.2) et (15.0-57.3).

Afin de sécuriser le trafic sur cette route, les communications téléphonique furent établies tout au long par les maquisards qui vivaient dans les villes et les villages. Ils faisaient un rapport téléphonique toutes les demi-heures au poste de commandement dans le village et nous tenaient informés des activités de l’ennemi.

15-16 AOUT
Cette journée fût consacrée au resserrement des défenses autour du petit village de SALVEZINES. La route fût minée et des mitrailleuses furent placées en position dans les endroits les plus stratégiques. Cet après-midi, nos maquisards ramenèrent neufs soldats ennemis qu’ils avaient fait prisonniers dans la savonnerie de Saint-Paul (13.4-56.8). Nous avons obtenu le maximum d’informations et nous avons essayé d’en rendre compte aux Quartier Général, mais notre radio n’était pas opérationnelle et nous fumes sans contact pendant toute l’opération.
Pendant ce temps notre Maquis a vu ses effectifs augmenter de 40 à 250 hommes en armes. Il y avait beaucoup d’hommes qui essayaient de se joindre aux forces avec les Américains et ont été refusé à cause du manque d’armes.

17 AOUT
Nos forces firent mouvement vers QUILLAN (87.2-63.9) et un plan étudié pour attaquer le dépôt de nourriture ennemi à COUIZA (92.5-71.4).
Un détachement du Maquis pris place dans les hauteurs couvrant ainsi toute les routes pour éviter que l’ennemi ne renforce ou ne retire la garnison de 250 hommes.
Le lieutenant Swank avec quatre hommes (4) et dix huit (18) maquisards furent envoyés en renfort dans le nord près de la ville d’ALET (87.2-63.9) pour détruire un pont. Le Lieutenant Swank qui était un officier du génie, décida après avoir examiné la situation, que la meilleure chose serait de plastiquer des blocs de rocher dans la falaise au-dessus de la route et ainsi la bloquer. Il fut averti par la résistance locale que l’ennemi revenait de COUIZA, alors il se dépêcha de placer les explosifs, les détonateurs et se mit à l’abri.
Après le Sergent Galley longea le bord de la route pour se rendre compte de l’étendu des dommages et il pensa que ce n’était pas suffisant pour pouvoir arrêter les forces ennemies qui approchaient d’eux. Lieutenant Swank savait que son petit groupe de douze (12) hommes (quelques maquisards avaient disparu entre temps) ne pourrait tenir tête à une troupe de 250 ennemis armés avec des mitrailleuses et des mortiers. Il donna l’ordre aux hommes de se retirer dans la montagne pour pouvoir s’échapper pendant que lui et le Sergent Galley retarderaient l’avance de l’ennemi en couvrant leur repli avec leurs armes automatiques.
Pendant le combat Lieutenant Swank fut touché à quatre reprises par le feu d’une mitrailleuse ennemie avant de s’écrouler sur le sol. Même après avoir été touché, il fit un effort pour dégainer son pistolet et continuer à combattre tant qui lui restait une étincelle de vie dans son corps. Par cet acte de courage l’officier ennemi lui rendit hommage par ces mots: “nous n’avons jamais vu un homme se battre autant que cet officier alors que tout était contre lui».
Cette remarque fut faite par l’officier à des civils de Couiza. Lieutenant Swank combattit jusqu’au bout et jusqu’à ce qu’un Officier Allemand ne vide son pistolet dans sa gorge, les balles sont ressorties derrière son oreille droite.

Le sergent Galley a vu le lieutenant Swank tomber et l’a cru mort, mais il a continué à se battre tout seul jusqu’à ce que sa main droite soit brisée par une balle explosive, lui empêchant de se servir de ses armes. Il a été blessé aussi par une balle dans le pied gauche, avant de se replier dans la montagne sous le tir de couverture des autres hommes qui étaient dirigés par T/5 Frickey. Ils tenaient une bonne position derrière des rochers et ont continué le combat.

L’ennemi a fait demi tour en ayant perdu dix neuf (19) morts et vingt quatre (24) blessés, contre la perte d’un Américain et de deux maquisards tués et deux Américains et deux maquisards blessés.

Après la tombée de la nuit les hommes font leur retour vers Quillan afin de rejoindre les autres hommes de la section. T/5 Veilleux se retrouva séparé des autres hommes et passa la nuit à les chercher jusqu’au lendemain matin. Trois ennemis ouvrirent le feu sur lui et voyant qu’il était dans une situation sans espoir, il tomba sur le sol et roula dans le fossé en faisant le mort. Quand trois hommes approchèrent de sa position et se sont retrouvés à découvert, il a visé calmement et sans tenir compte des tirs ennemis et a pu tuer les trois hommes sans être blessé.

18 AOUT
Cette journée fut passée à l’enterrement du Lieutenant Swank et aux soins des blessés. Les gens du village ont exprimés toute leur sympathie en préparant un service funèbre qui n’aurait pas été aussi bien fait dans aucune ville Américaine. Les obsèques eurent lieu en même temps pour les deux maquisards tués dans le même combat, et la dépouille du Lieutenant Swank a eu la place d’honneur. La cérémonie religieuse eut lieu à l’église et par la suite un enterrement militaire fut organisé par les maquisards.

19 AOUT
Nous devions attaquer le dépôt de vivre aujourd’hui, mais l’ennemi avait entendu une rumeur disant que 500 parachutistes Américains étaient dans Quillan, tant et si bien que lorsque nous sommes arrivés les hommes de garde au dépôt se sont rendus sans aucun dommage pour le dépôt. Le gros de la garnison, excepté 20 hommes ont placé des otages devant leurs camions et ont franchi la garde du maquis. Il y avait suffisamment de nourriture dans ce dépôt pour nourrir un million de personnes pendant dix jours. Toute cette nourriture fut récupérée par le Maquis et distribuée à la population des villes et villages environnants. La section fit mouvement vers Limoux et y resta pendant trois jours, pendant lesquels des reconnaissances furent effectuées et permettant aux hommes de laver leurs affaires et de récupérer un petit peu. Pendant ces trois jours une équipe Jedburg sous le commandement du Capitaine Anglais Sell, nous demanda si nous voudrions l’aider à détruire un train de transport de troupe qui devait quitter Carcassonne pour Narbonne. La section avec 30 maquisards s’est rendu en un point situé à l’est de Carcassonne et a trouvé un tunnel (06.0-01.3). Nous sommes arrivés trop tard pour détruire le train alors nous avons fait sauter quatre sections de rail et l’ennemi n’a pas pu les réparer à temps pour les utiliser pendant leur retraite.

23 AOUT
Notre Maquis qui était de garde dans les environs de Limoux a été attaqué par un groupe de 32 Allemands qui essayaient de s’échapper vers l’Espagne, et qui pensaient pouvoir franchir facilement la ligne de défense du Maquis.
Les Américains furent les premiers en renfort, et par une excellente action de flanquement ont encerclé les forces ennemies et ainsi les ont forcés à se rendre après une demi heure de combat. S/Sgt Sampson était le chef de l’action d’encerclement fit là un travail exceptionnel. Il fit le travail d’un Officier après la mort du Lieutenant Swank et son aptitude à commander des hommes fut totalement démontrée par cette action.
Après ce jour nous avons continué notre avance vers le nord, fait des embuscades et encouragé les résistants à combattre les groupes épars d’ennemis qui pourraient errer dans la campagne en cherchant à franchir la frontière espagnole.
Nous avons réalisé qu’il n’y avait plus beaucoup de travail à faire pour nous après une semaine d’opérations de ce type. Finalement, nous sommes partis vers l’est où étaient les Forces Alliées qui poussaient vers le nord et qui nous avaient dépassé. Nous avons rencontré l’Armée Française Montpellier et les forces Américaines en AVIGNON, où le sergent Galley et le Sergent Armentor furent placés dans un hôpital Américain. La section continua vers Grenoble pour rejoindre le quartier général.

OSS