Pierre Lantenois dit JULIAN dit CHAUMONT
matricule FTP 42104
En 1936, je suis devenu tout à fait par hasard, secrétaire des jeunesses communiste, j’étais à Perpignan et au contact de la guerre d’Espagne. Avec mon ami André Tournet nous soutenions la cause des républicains.
J’étais de la classe 39 et j’ai été mobilisé dans la cavalerie motorisée. Après la défaite, j’ai été démobilisé et je suis revenu à Perpignan, avec le grade de Brigadier.
J’ai trouvé du travail, et malgré tout je m’ennuyais ferme.
Les communistes ne m’ayant pas oublié, sont venu me chercher afin de devenir instructeur pour les maquis FTP, vu que je venais de l’armée régulière.
Pour ma part j’aurais préféré rejoindre le FFL (Forces Françaises Libres) mais je n’ai pas trouvé le passage.
J’ai donc accepté et j’ai rencontré Amilcar Calvetti. Il formait un maquis au-dessus de Bédarieux, au Bousquet avec Mr Jalabert. Là nous avons organisés l’arrivée d’autres camarades. Plus tard nous avons décidés de déménager le maquis, malgré la surveillance des gendarmes. Il faut dire que les gendarmes fermaient les yeux et pour certains collaboraient avec nous.
Nous avons déménagés à Prémian où le maquis pris le nom de maquis Jean Grandel.
Le parti communiste avait formé le front national pour combattre les allemands et ceci afin de structurer les maquis, d’assurer la logistique et d’avoir des bases de ravitaillement.
Le transfert à Jean Grandel s’est effectué sans problèmes et en train sous la bienveillance des forces de l’ordre, qui ne faisaient pas trop d’effort.
Avec Maurice Lautier qui était pourchassé par le STO (Service du Travail Obligatoire) nous avons été envoyés en mission à Carcassonne, où nous attendions les ordres. Les jours étaient durs, il fallait se méfier de tout.
Par la suite j’ai rejoint le comité militaire Aude-Hérault, afin de devenir C.O. (Commissaire aux Opérations) dont le rôle était de se déplacer pour aller voir les chefs de maquis et les organiser.
J’ai en particulier rencontré les chefs du maquis Jean Robert, qui avait été formé par Raymond Rougé dit Firmin.
Je ne suis pas resté C.O. très longtemps, car j’ai été nommé C.E. (Commissaire aux Effectifs).
Le C.E. était le seul en contact avec le parti communiste, et responsable au niveau de la région R3. J’étais chargé de transmettre les ordres du parti aux chefs de maquis. Je dois dire que je n’appliquais pas tout car venant de l’armée régulière j’avais parfois une vue différente.
Le fonctionnement des FTP était basé sur un encadrement triangulaire, C.E., C.O., et C.T. et ainsi à tous les niveaux.
Ce système avait l’avantage d’un cloisonnement efficace et ainsi en cas de capture il était impossible de remonter le réseau car personne n’avait de renseignements précis.
Nous avons ainsi formé le maquis de Gaja la Selve où fut mis en place comme chef Pierre Cambours dit Coulon, je dois dire que le personnage ne me plaisait pas.
Et ainsi jusqu’au mois de mai 1944.
Le 11 mai 1944, exactement, alors que j’étais à Carcassonne avec mon camarade Marc, mon CO, nous avons étés arrêtés par un inspecteur rue Georges Clémenceau, nous n’étions pas armés. Et sous le regard de nos camarades et en particulier le CT qui observait la scène. Heureusement les camarades ne sont pas intervenus et ont fait passé la nouvelle.
Ce C.T. s’appelait Cortal et fût muté par la suite dans la Haute Garonne.
Nous avons étés interrogés par Durand, Joulia et Got (qui était une ordure et qui était repéré par le maquis Jean Robert qui le pistait).
Ils m’ont questionnés et j’ai reçu quelques coups au passage. Seul Joulia ne m’as pas touché.
La matinée est passée en interrogatoires. Un commissaire divisionnaire arrivé entre temps de Montpellier, nous ayant vus les a copieusement engueulés.
Le soir nous avons été remis en prison. Le lendemain matin nous sommes revenus au commissariat, et peu après Durand nous as raccompagné en ville et nous a libérés.
Je suis allé chez les parents de ma femme à Castelnaudary.
Chacun est partis dans sa direction et je n’ai pas revu Marc.
A la suite de cette affaire, le comité régional a décidé de créer deux comités militaires, un pour l’Aude, et un pour l’Hérault. Et c’était Louis Bahi dit Leclair qui fut désigné pour l’Aude en tant que C.O. et Pierre Maubert pour l’hérault.
Et ainsi jusqu’à la libération.
Ce qui me plaisait chez les FTP c’était l’organisation et le cloisonnement. Je n’avais pas de contact avec les maquis, juste avec les chefs.J’étais le C.E de la région 3 et c’est moi qui ait nommé Jean Louis que je connaissais du maquis Jean Grandel où il était chef. Il fallait un chef au maquis Jean Robert. Ma base était à Béziers, je dirigeais la région de Lunel à Castelnaudary. Ma formation de militaire me poussait parfois à ne pas suivre l’idéologie du parti.
Je me déplaçais seul sans armes et en train. C’était stressant car on se pose beaucoup de questions et les journées étaient très longues. J’avais pour éviter de me faire repérer une astuce, je me mettais toujours sur les quais de gare près des Feldgendarmes, qui étaient là, m’évitant ainsi tout contrôle de la part des français.
Les contacts avec Jean Louis (maquis J.Robert-Faita) se passaient à Quillan. J’ai rencontré une fois les hommes du commando Américain, c’était devant la gare de Quillan. J’ai pu discuter avec leur chef avec l’aide d’un des soldats qui faisait l’interprète.
Puis la libération est arrivée et j’ai été affecté à l’état major. Après une très brève carrière militaire, j’ai travaillé à la Marseillaise, un journal régional.