YVES Georges Aujaud
J’ai été très jeune au contact d’anciens combattants de 14, en particulier avec un de mes oncles qui avait été gazé. De plus la Marseillaise m’impressionnait, j’étais fermement décidé à défendre la France de l’ennemi.
Avec deux réfugiés, un breton et un lorrain, nous avions décidé de passer en Suisse, puis gagner l’Angleterre afin de se mettre au service de la France Libre. Le breton connaissait une filière pour passer en Suisse, c’était en avril 1943, j’avais 18 ans, malheureusement le réseau fut démantelé avant que nous ne puissions faire quelque chose. Le chef était Simon de Savernes.
Nous avons continué vers la Haute Savoie et pris contact avec Roy à Cionze. Nous avons formé un maquis au-dessus du Reposoir prés du Grand Bornand, nous étions une cinquantaine.
Après quelques temps n’ayant pas renoncé à la Suisse, nous avons décidé, à quelques uns, une vingtaine environ, de tenter notre chance. En route le groupe fut décimé par la Milice à Montsaxonais et je me suis retrouvé avec deux camarades d’Hyères. Nous avons pris contact avec un ami qui habitait Annemasse qui nous annonça que le passage en Suisse était impossible à cause de la répression.
Nous avons pris la route du midi et vers Forcalquier après une rencontre avec un capitaine de gendarmerie, qui nous avertit gentiment des risques encourus, j’ai décidé de revenir chez moi à Limoux. Un peu désoeuvré et n’ayant pas envie de travailler pour les allemands, j’ai décidé de rejoindre le maquis de Villebazy dont j’avais entendu parler. Je suis parti avec Albert Subias et un belge.
Le maquis était un maquis AS (armée secrète), il s’appelait Miquel et était commandé par un certain Jacques.
Ne m’entendant pas beaucoup avec Jacques, j’ai profité, avec une vingtaine de mes camarades, de la visite de Riffaut pour nous rallier au maquis FTP Faïta et partir pour Courtauly.
Ensuite le maquis s’est replié vers Salvezines.
Avec Gaby et deux déserteurs allemands j’ai participé à la destruction du train en gare de Quillan. Gaby était le chef de l’opération, moi j’étais chargé de prendre la gare et de neutraliser les lignes téléphoniques.
Je suis rentré dans le hall et armé de ma mitraillette j’ai tenu en respect 7 au 8 personnes et coupé tous les téléphones. Pendant ce temps Gaby et le chauffeur du train précipitaient le convoi dans le tunnel contre d’autres wagons provoquant le déraillement et la neutralisation de la voie ferrée et de la route.
Nous avons pu quitter les lieux sans être inquiétés.
Il y a eu une action pour récupérer de la farine, route de Saint Polycarpe.
Lorsque les américains sont arrivés au camp, je les ai vus le matin. Ils étaient de mauvaise humeur car ils n’avaient pas pu établir un contact radio avec Alger, mais l’après midi ça allait beaucoup mieux. C’étaient des gars extrêmement gentils, ils nous ont appris à nous servir de nouvelles armes et s’amusaient de notre surprise devant la cadence de tirs des armes automatiques et le recul engendré !
Lorsqu’ils sont descendus à Quillan, ils chantaient «Alouette, gentille alouette», c’était émouvant.
J’ai ensuite suivi tout le monde vers Carcassonne.