Claude GALLEY

T/3 GalleyClaude Galley

Ci-dessous quelques actions qui se sont déroulées le 17 août 1944.

Nous sommes arrivés sur site aux environs de 17 heures, le Lt Swank et le Sgt Galley (moi-même) reconnaissions un endroit pour déposer des explosifs.

Ces mêmes explosifs devaient être mis en place au plus tard avant la nuit. Nous trouvâmes un pont de chemin de fer, qui était utilisé par les Allemands. Nous y étions depuis peu lorsque les Allemands arrivèrent plus tôt que prévu. Les balles ont sifflée au-dessus de nos têtes pendant quelques minutes. J’ai couru en retrait derrière un camion avec le Lt Swank, Frickey, deux maquisards et d’autres de notre unité. Lt Swank me demanda de rester avec lui. Le Lt Swank était couché derrière la roue avant droite du camion et moi j’étais positionné derrière la roue arrière gauche pour riposter. Il ordonna aux autres de gravir la montagne et de ne pas rester à découvert. Deux camions remplis d’Allemands sont arrivés et ont fait feu de toutes leurs armes.

Peu de temps après le Lt Swank m’appela par mon nom et dit: «Ils m’ont eu». J’ai bougé pour voir si je pouvais lui venir en aide et j’ai été touché à mon tour. Je lui ai dit: « ils m’ont eu aussi ». Je suis resté là un instant, je l’ai appelé plusieurs fois mais je n’ai pas eu de réponses. Je me suis dit qu’il était mort. Je saignais abondamment.
J’ai pris un petit kit ou quelque chose ressemblant à un kit de premier secours, qui était autour de ma taille et j’ai bandé ma main du mieux que je pus. Je me suis mis debout et j’ai pu sentir du sang couler dans mes chaussures.
J’ai essayé de réfléchir au chemin par lequel je pourrais m’enfuir. J’ai couru environ 50 pieds (~15m) et ai quitté la route. Les Allemands ont continué à me tirer dessus. Je pouvais voir les étincelles des ricochets des balles sur le chemin autour de moi.
J’ai monté la montagne et je ne sais plus ce que j’ai pu faire ensuite. Tout ce que je me souviens c’est que je devais m’éloigner.

Quand je suis arrivé au sommet, j’ai rencontré les deux maquisards qui étaient avec nous. Ils me dirent qu’ils allaient s’occuper de moi et me conduire où quelqu’un pourrait me soigner. Nous avons marché environ 5 heures à travers la campagne. Ils m’amenèrent dans une petite ville ou l’un des deux hommes vivait. Ils me laissèrent sur le bord de la route quelques temps, ils voulait être sûrs qu’il n’y avait pas de risque de me rentrer dans la maison.
Quand ils sont revenus je me suis évanoui à cause sang perdu.
Quand ils me déposèrent dans la maison, il y avait une dame (je pense qu’il devait s’agir de la mère de l’un des français) qui me versa un verre de vin, mais je n’ai pas pu le finir car j’ai perdu connaissance à nouveau.
Quand je me suis revenu à moi j’étais dans un lit tout propre, avec des pansements neufs autour de la main et du pied.

Le matin suivant, les deux français me conduisirent à l’hôpital (je ne me rappelle pas le nom).
Le docteur n’avait pas de gaze pour soigner mes blessures, aussi il utilisa un drap de lit. Je me rappelle d’avoir dormi encore et quand je me suis réveillé il y avait une jolie jeune fille au pied de mon lit.
Elle avait entendu dire qu’il y avait un soldat Américain dans l’hôpital, et ainsi elle voulait voir à quoi il ressemblait. Elle devait avoir environ 18 ans. Elle souhaitait me voir régulièrement. Sa sœur tenait un bar restaurant à deux pas de l’hôpital. Lorsque mon état s’est amélioré un petit peu, elle m’amena chez sa sœur. Elle se confia a moi et me dit que les Allemands l’avait battue.
Après deux semaines dans cet hôpital, ils me déplacèrent dans un nouvel hôpital français. Je ne me rappelle pas le nom de cet hôpital, mais il paraît que c’était une ancienne école.

Avant de me déplacer à nouveau, ils me conduisirent à l’endroit ou le Lt Swank était enterré. Ils me gardèrent dans cet hôpital quelques semaines. Ils ont gardé mes blessures propres. Les deux français me prirent pour rendre visite à mon unité dans une autre ville. J’ai passé quelques heures avec eux.
Le matin suivant, ils me chargèrent dans une voiture avec eux et on roula toute la journée. Ils me déposèrent dans un hôpital d’évacuation Américain (quelque chose comme les MASH). Ce fut le premier hôpital Américain que j’intégrais. Là ils me conduisirent en salle d’opération. Ils m’endormirent. Quand je me suis réveillé j’avais un plâtre autour de mon bras du bout des doigts jusqu’au coude et un autre autour de mon pied du bout des orteils jusqu’au genoux. Je n’ai jamais arrêté de marcher sur mon pied.
Quand j’ai vu le plâtre autour de mon pied, j’ai appelé l’infirmière. J’ai demandé à l’infirmière pourquoi un plâtre autour de mon pied, et je lui ai dit de l’enlever. Ils le retirèrent immédiatement.
Les prochains jours ils m’ont transféré dans un autre hôpital Américain. Ils me mirent dans un avion et m’ont envoyé à Naples, Italie. C’est là qu’ils m’ont proposé pour la Purple Heart.
Au total j’ai passé 13 mois à hôpital. J’ai perdu mon index droit (la 1ère phalange). Et j’ai toujours un éclat dans mon pied.

Bridge City, Louisiana, USA, Décembre 2004.