W. J. «Bill» STRAUSS (1912-1979)
par son fils JULIAN
L’histoire qu’a vécue mon père durant la seconde guerre mondiale est quelque peu différente de celle de milliers de jeunes gens qui furent volontaires, et qui se sont engagés dans l’armée se battant pour la liberté dans un effrayant effort afin de détruire les forces du mal.
William STRAUSS quitta l’Allemagne en 1933, tout juste âgé de 21 ans et lorsque le 3ème Reich déclara que les Juifs ne pouvaient plus utiliser les aérodromes Allemands, en plus d’autres interdictions.
Jeune homme, il était très interessé par les sports de l’air et le vol à voile, et fut très déçu par la tournure des évènements. C’est pourquoi il décida d’aller en France, où il s’inscrit dans un collège agricole.
Il pensait émigrer, laissant la famille et son travail à Frankfurt, et quitter l’Europe avec son avenir sombre, pour devenir un fermier dans un nouveau pays.
Quelque temps après en France, WJ Strauss rencontra ma mère, et ensemble ils émigrèrent vers l’Amérique en novembre 1935.
Quand ils virent une ferme, (La ferme Guernsey-Agan à Aménia), que Mme Elizabeth Coons, agent immobilier à Smithfield, leur proposa, ils l’achetèrent et devinrent fermier. Je suis né peu de temps après.
Je peux facilement imaginer ce que mes parents ressentaient en voyant ce qu’il se passait en Europe avec la propagation du Nazisme. Quand la seconde guerre éclata en Europe avec l’invasion de la Pologne , je n’étais qu’un petit garçon qui rendait visite avec sa mère à de la famille en France.
Nous sommes rentrés précipitamment en Amérique à bord du S.S.NORMANDIE.
La guerre éclair (Blitzkrieg) eu lieu au printemps 1940. La Hollande, la Belgique et la France tombèrent rapidement sous l’attaque, et l’ombre se fit sur toute l’Europe.
La famille de ma mère vivait à Paris et en Normandie. Son frère (Danny Benedite) rejoignit la résistance française, et après une année à travailler avec un américain, Varian Fry de Marseille, il aida les juifs et les réfugiés politiques à échapper aux griffes de la
gestapo. La ferme d’un autre oncle, en Normandie, fut réquisitionnée par l’armée allemande. Les frères de mon père purent s’échapper d’Allemagne, mais d’autres parents furent déportés et moururent en camp de concentration.
Je ne me rappelle pas les conversations tenues à la maison mais je pense qu’elles devaient être intenses.
Mon père était impatient de participer à l’effort de guerre. Je me rappelle l’annonce de l’attaque de Pearl Harbor à la fin de 1944, j’étais alors âgé de 5 ans. Mon père essaya de s’engager, mais étant originaire d’Allemagne, fut repoussé comme ennemi hostile.
Finalement au début 1943, il reçut une lettre de mobilisation, et quitta sa famille et sa maison pour servir.
Sa première affectation fut comme mécanicien avion, basé à Camp Butner, Caroline du nord, dans le 78ème Infantry, Lightning Division.
Un jour, alors qu’il était à Camp Butner, il fut questionné par un officier afin d’évaluer ses compétences en allemand et en français, qui bien évidement étaient excellentes. A la suite de cet entretien, on lui demanda s’il serait intéressé pour participer à des opérations spéciales. Il accepta immédiatement. Le jour suivant il était fait citoyen américain !
Il fut transféré à Washington D.C. pour suivre un entrainement spécial, dans les jardins du Congressional Country Club.
Et comme ceci, William J. Strauss devint un membre de l’Office of Strategic Service (OSS).
A partir de ce moment là, pendant tout la durée de la guerre, sa famille ne fut pas au courant de ses déplacements
Beaucoup plus tard, nous avons appris que ‘Bill’ et ses compagnons avaient été tout d’abord envoyés en Afrique du Nord pour y suivre un entrainement de parachutiste.
‘Bill’ et les 14 membres de son unité spéciale partirent une nuit à bord d un Halifax anglais. Après plusieurs tentatives vaines, ils sautèrent et se posèrent à environ 12 miles du terrain prévu, dans le sud de la France, au milieu de l’armée nazi. C’était un terrain rocailleux et boisé, et quelques hommes furent blessés. Mais ils se déplacèrent et prirent rapidement contact avec un groupe de résistant français, c’était le Maquis.
Ils furent largués avec leurs équipements, armes et explosifs, et comme à l’entrainement, planifier pour se venger en causant des ravages, en coupant les communications aux nazis, les voie ferrées, les routes et collecter des renseignements qui furent transmis par radio.
Avec leur petit groupe, ils firent sauter avec succès des ponts, ont tendu des embuscades à des convois de camions, firent dérailler des trains, sauter des dépôts de munitions et ont libéré des petites villes dans le sud de la France.
Ce fut un exemple classique de l’efficacité nouvelle de la radio, de l’avion et des parachutages pour équiper et organiser des groupes de guérilla avec des partisans décidés pour établir un plan d’attaque coordonné.
Dans tout cela, William Strauss, avec son habilité à communiquer, et avec ses nouvelles connaissances comme radio et en technicien en démolition, a accompli ce qu’il voulait faire, donner un grand coup à Hitler pour le mettre hors de ses nouveaux pays.
Pour un fier nouveau citoyen américain, quelqu’un qui fut assimilé à un juif allemand, quelqu’un qui fut élevé parmi des amis allemands qui furent obligés de combattre pour Hitler, cette expérience victorieuse de la guerre revêtit un caractère émotionnel intense.
Pour le reste de sa vie, Bill Strauss, mari, père et fermier, fut choqué par les ravages du 3ème Reich d’Hitler et par sa participation dans cette terrible guerre.
Bien que le papier de démobilisation de mon père résume très succinctement son expérience militaire de cette manière:
‘Intelligence N.C.O.- Employé par une organisation qui demandait un entrainement de parachutiste pour effectuer des missions confidentielles.’
Pour moi, son fils, mon souvenir le plus heureux de ces années de guerre est :
J’étais avec ma mère à la gare d’Amenia, cherchant mon père parmi les passagers descendant du train et l’apercevant à contre sens, je me suis mis à pleurer.
Mr Maxfield, le chef de gare me demanda pourquoi je pleurai: ‘Mon père est revenu’, lui dis je.