CAPLAN Jean Milner Chef de Faïta
Il s’est appelé Caplan en souvenir de sa tante Caplanovich.
Né à Paris le 24 mai 1923, arriva en 1943 dans la haute vallée de l’Aude, après avoir porté l’étoile jaune à Paris. Il fut aidé par Louis Cesari, de Limoux. Il n’était pas militaire et aimait les auteurs russes.
Il devint le chef du maquis à la suite des pertes sévères subies (morts d’Alcantara et Riffaut), et conduisit les hommmes rescapés de Courtauly vers Salvezines pour rejoindre le maquis Jean Robert.
Ce n’était pas un guerrier, mais plutôt un rêveur, il savait cependant commander des hommes et se faire respecter. Il était ferme mais juste.
A la libération il poursuivit une carrière militaire avec le 81eme régiment d’infanterie.
Paroles de ‘CAPLAN’ (Jean MILNER) le 29 mai 1994, dans la forêt de Resclause, lors de la pose de la plaque commémorative.
«Mes amis,
Chacun de ceux qui ont participé effectivement à la résistance, contient en lui un moment d’histoire.
Et c’est la compilation de toutes ces petites histoires individuelles qui font la grande.
Je voudrais détruire une légende, peut-être la mienne, ne jamais dire que nous étions des héros, on ne savait pas, nous étions des jeunes gens qui voulions vivre, vivre. Qui pour pouvoir vivre au milieu des assassins, encore faut-il avoir un sens très aigu, très élevé de la difficulté. Or ça nous l’avions.
Nous n’étions pas des guerriers, mais nous étions des jeunes gens pour la plus part ayant un sens de la dignité. C’est-à-dire le goût de la liberté. Le goût de l’expression.
Raconter une histoire en si peu de temps c’est une gageure, lorsque je suis arrivé, j’ai rejoint le maquis Faïta quand je ne pouvais plus assurer ma sécurité en ville, à Limoux notamment. Par des liaisons vers Limoux, Quillan et le Minervois.
J’arrive à la ferme des Vinsous chez les Cathala, et c’était la veille, la veille de mes 21 ans, 21 ans l’âge de l’espérance, du soleil, l’âge de l’amour, je suis accueilli principalement par le petit Auguste Cathala. Je dis le petit parce qu’il me semblait tellement jeune. Et chose difficile, pas traditionnelle, émouvante, il pense à me faire manger.
Or j’ai dit à certains d’entre nous, à quel point le fait de manger était une partie de survie. La nuit tombée on me fait monter au maquis, là où était le maquis.
C’est à l’aube que tout c’est passé, c’est à l’aube, que nous avons compris, entendu que nous étions cernés par les allemands.
Mais chose plus grave, beaucoup plus grave, conduit par des miliciens français, les miliciens, ils étaient de chez nous, ils connaissaient le pays ceux-là, ils connaissaient des gens ceux-là, c’était pas des combattants normaux, et nous avons été éparpillés et le petit Cathala notamment, a été massacré, je n’appelle pas ça tué, mais massacré.
C’est alors que ce maquis a dû improviser des chefs, des jeunes garçons, qui n’étaient pas des guerriers, qui n’avaient aucune formation, et qui devaient maintenir la cohésion de ce petit groupe mal armé.
Quand je pense que j’ai fait une partie de ma carrière militaire au maquis et tardivement, avec un petit révolver de 6,35, c’est-à-dire un petit révolver de dames, et qu’il fallait que je me batte éventuellement contre des monstres bien armés, et j’avais peur.
Si un jour quelqu’un vous dit que ces guerriers là n’avaient pas peur, dites vous bien que c’est faux…»