CAZALS Roger Belmas
Nous qui sommes nés entre 1919 et 1925, écoutions nos pères qui avaient participés à la guerre de 14-18. J’avais 17 ans.
Les hommes se réunissaient dans les fermes avec la bouteille de vin ou le verre de café au coin du feu. Ils parlaient du travail mais aussi beaucoup de la guerre et moi j’écoutais en silence.
Notre instituteur nous apprenait à marcher au pas cadencé et à chanter «la marche lorraine», qui est devenue la chanson fétiche de la France libre, son père avait fait la guerre de 14-18.
Cette haine de l’allemand nous a fait rejoindre le maquis.
J’ai travaillé à la ferme jusqu’a l’âge de 20ans.
En 1943 , le gouvernement de Vichy a appelé mon contingent aux chantiers de jeunesse, en janvier 1944, sur les ordres des allemands, les chantiers ont été dissous et tous les jeunes ont été envoyés dans la production de guerre allemande.
Certains sont restés jusqu’à la fin, d’autres comme moi, ont déserté.
Je savais qu’un maquis s’était formé en hiver 43-44, en fait, des gens qui se regroupaient et tenaient des réunions clandestines.
Il y avait environ 30 personnes et au fil des mois l’effectif a grandi.
Le chef s’appelait Pierre Cambours, «COULON» au maquis. Le maquis : Gaja La Selve.
En Juin 44, le maquis a été attaqué par la milice, le camp a été pratiquement cerné, mais les miliciens se sont repliés. Suite à cela nous sommes allés en juillet 44 renforcer le maquis Faïta dans la région de Courtauly-Chalabre. Le maquis Faïta a été formé dans la région de Chalabre en début 44 dans les mêmes conditions. Il comprenait au début une quarantaine d’hommes et à peu prés 80 à la fin.
Le chef s’appelait «MARSOIN», de Monfort de son vrai nom.
Le maquis Jean Robert se nommait au début le maquis Gabriel Péri et ne comprenait que 5 ou 6 hommes, il était stationné au Bousquet. Aprés avoir été attaqués, les hommes se replièrent vers Salvezines où les effectifs ont grossi et pris le nom de maquis Jean Robert.
Le chef du maquis était Adolphe Gomez, alias «MICHEL». Victor Meyer, alias «JEAN-LOUIS» était le chef du dispositif.
Les maquis étaient des maquis FTPF, ( Francs Tireurs Partisans Français), mouvement à tendance communiste, les chefs étaient communistes, même les officiers. Les jeunes, qui rejoignaient les maquis, le faisaient plutôt pour le patriotisme. Nous ne parlions jamais de politique. Le maquis Faïta, installé dans une région prospère, n’avait pas de problème de ravitaillement, le maquis Jean Robert installé dans les bois en montagne était beaucoup plus mal loti, ils devaient s’en procurer en le dérobant dans les différents dépôts.
D’ailleurs après avoir pillé un dépôt de vivre à Estagel (66), ils se retrouvèrent avec des tonnes de pâtes, qu’ils ont dû manger pendant des mois.
Une radio était installée près de Fanjeaux dans une ferme et a permis en plus des armes récupérées à gauche et à droite, souvent des souvenirs de la guerre de 14-18, d’avoir plusieurs parachutages d’armes, 2 en mars 44 et le 3ème en juillet 44.
La mission était de surveiller les grands axes routiers et ferroviaires et bien sûr attaquer les allemands quand c’était possible, de traquer les traîtres et les miliciens.